A l’AJPH nous travaillons en relation étroite avec plus de 500 handballeurs et handballeuses, qu’ils soient pro, en centre de formation, en pôle espoir, mais qui sont avant tout des hommes et des femmes. C’est pourquoi nous avons voulu nous intéresser à ce qu’il se passe dans leur tête d’homme, de femme, et de sportif.
Pour cela, nous avons fait appel à deux anciens, qui ont raccroché les baskets et quitté le 40x20m mais qui travaillent quotidiennement à ce que nos sportifs soient bien dans leur tête, bien dans leur basket 😊 Aujourd’hui Anne-Laure est partie pour vous à la rencontre de Céline Auriemma et de Yannick Boulanghien. Interview croisée pour mieux connaître les deux professionnels qui alimenteront mensuellement notre nouvelle rubrique « Bien dans ses baskets ! »
Anne-Laure : Bonjour Céline, bonjour Yannick, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Céline : Salut Anne-Laure, je suis professeure d’EPS et préparatrice mentale. J’ai été joueuse pro pendant près de 10 ans avec à l’époque beaucoup plus de contrats amateurs que professionnels. J’ai donc dû travailler la plupart du temps tout en jouant à haut niveau. Enfin en D2 ! Presque le haut niveau ! (De Noisy à Bègles en passant 6 ans sur Bouillargues et aussi plan de cuques !) J’ai été serveuse, animatrice puis éducatrice sportive, entraîneur, responsable de la formation, professeure remplaçante pour enfin valider mon concours et être titulaire de mon poste.
Yannick : A mon tour ! Moi c’est Yannick. J’ai été handballeur professionnel (12 années, en D1 et D2 notamment à Lille et Sélestat). Ensuite pendant j’ai implanté en France des marques de sport comme CANTERBURY, COLMAR puis SELECT que j’ai dirigé en France durant 12 ans. Je me suis formé parallèlement la thérapie systémique et stratégique de Palo Alto. Je pratique aujourd’hui en consultation avec les sportifs de haut niveau (plus particulièrement les handballeur (se) s un milieu que je connais par cœur), les Hauts Potentiels Intellectuels (HPI) et plus généralement avec toutes les personnes rencontrant des obstacles dans vie personnelle ou professionnelle.
Anne-Laure : Mais la préparation mentale, c’est de la psychologie du sport non ?
Céline : La préparation mentale est de la préparation mentale… Les formations sont différentes. Je ne suis pas et ne prétend pas être une psychologue. La préparation mentale propose des outils standardisés adaptés à l’athlète, au service de la performance. Je prends la personne dans son ensemble, je fais état du passé s’il y a besoin, mais l’essentiel est que l’athlète comprenne qui il (elle) est, comment il (elle) fonctionne et s’accepte comme cela pour aller vers des objectifs plus performants !
Yannick : Quant à moi, je vais me centrer sur l’ensemble des facteurs liés à l’équilibre de vie du sportif, de l’Homme ou la Femme, ceci afin de pallier aux difficultés qu’il rencontre dans sa vie personnelle qu’elles soient d’ordre fonctionnel ou psychologique.
Anne-Laure : Donc si on résume : La psychologie du sport c’est l’étude des facteurs psycho et émotionnels et de leur influence sur la pratique sportive. Et la préparation mentale propose quant à elle des techniques pour améliorer les apprentissages et optimiser les performances. C’est ça ?
Céline et Yannick : c’est tout à fait ça !
Yannick : Je reste pour ma part convaincu de la nécessité d’un travail à deux niveaux. En effet, on ne construit pas le toit d’une maison avant d’en avoir posé les fondations ! Plus le sportif entretiendra un rapport équilibré avec lui-même et son environnement, meilleure sera sa stabilité psychologique. Et c’est à ce moment précis, que l’accès à la performance pourra être facilité.
Anne-Laure : Mais par contre Céline, l’entraineur il peut faire de la prépa mentale, non ?
Céline : NON. Considérons (et je vous assure que c’est vrai !) que la PM ne peut être dissocié des autres facteurs de la performance comme le physique et la tactique. L’entraineur et le (la) préparateur mental sont chacun responsables de la perf du sportif, à leur échelle. Et ce qui confère un rôle unique au préparateur mental est qu’il a une position neutre et objective. L’entraîneur quant à lui, ne peut l’avoir car il est émotionnellement impliqué.
Notons aussi que nous sommes amenés à coacher la relation entraîneur / entraîné ! alors qui mieux que le préparateur mental pour le faire ?!
De plus, le (la) coach lui-même peut être suivi par une préparatrice mentale (gestion des émotions, stress, performance personnelle etc…). L’entraîneur(e) ne peut être juge et parti. Il peut (et c’est forcément un plus pour lui) avoir des notions de PM pour avoir une intervention différente mais il ne peut être les deux. Par contre oui, la PM est performante lorsqu’elle est intégrée à l’entrainement mais ça c’est un travail réalisé en amont de l’entraînement entre le (la) coach et le (la) PM.
Anne-Laure : Pour vous consulter, il faut avoir forcément un souci ?
Yannick : Oui et non… Quand un sportif vient me voir, ça va lui permettre de mieux appréhender son propre fonctionnement, ses points forts et ses points faibles. Ceci afin de trouver des réponses adaptées dans sa vie quotidienne comme dans le sport. Nous y trouverons entre autres des questions aussi variées que des difficultés relationnelles, la gestion des moments clés de leur carrière, la perte de motivation, la dépression, l’image de soi… etc. Cependant, parfois des failles apparaîtront en fonction des obstacles que nous propose la vie. C’est sur ces failles que je propose aussi de travailler ensemble afin de créer une stabilité forte qui permettra au sportif d’être mieux ancré, pour ensuite aller ver la préparation mentale et la performance.
Céline : Pareil pour moi : Sache que nous pratiquons de la PREPARATION mentale et non de la REPARATION mentale ! Par exemple, vous n’attendez pas d’être blessé pour travailler avec un(e) préparateur physique, bah c’est pareil ! Bon ok nous faisons principalement de la réparation au début, car très souvent on fait appel à nous quand il y a un souci. Mais je suis convaincue que cela va changer ! La PM est là pour optimiser les performances et améliorer l’accomplissement personnel. C’est un entraînement qui vise à rendre l’athlète autonome dans sa pratique.
Anne-Laure : Et c’est réservé qu’aux athlètes de haut niveau ?
Céline : FAUX. La PM développe des habiletés comme la concentration, la motivation, la confiance en soi, pas besoin d’être sportif de haut niveau pour mieux se connaitre et vouloir améliorer ses performances !
Yannick : Du tout, d’abord moi je considère l’homme ou la femme avant de parler au sportif ou à la sportive. Tous ces hommes et ces femmes disposent d’un vécu, d’une histoire particulière qui n’appartient qu’à eux même. Avant d’être un sportif ou une sportive performante il faut qu’ils se sentent bien en tant qu’homme et femme avant même de parler de sport.
Anne-Laure : Et que ce soit la psychologie du sport ou la préparation mentale, c’est un peu comme une baguette magique pour que tout le monde aille mieux non ?
Céline : J’entends souvent « Je ne comprends pas il est super bon à l’entraînement mais il est nul en match tu peux faire quelque chose ? », « Jusqu’ici j’ai eu de la chance dans les compét mais là j’échoue constamment, tu peux me donner un outil pour y arriver ? », « Je n’ai plus la pêche que j’avais, tu peux me dire comment la retrouver ? ». Franchement si un(e) préparateur mental vous balance son outil, c’est qu’il n’a pas fait son travail correctement (et donc changez-en et appelez-moi). En effet, un(e) préparateur mental vous écoute, vous pose des questions et grâce à des techniques qu’il a appris lors de sa formation il fait émerger la solution qui est en vous (oui je sais ça fait très slogan mais c’est comme ça, la solution est en chacun de nous !)
Yannick : Non plus ! Chaque personne est différente et il n’y a pas une solution universelle. En thérapie, on cherche à soulager la souffrance psychologique le plus rapidement possible en amenant les patients à faire des expériences nouvelles qui leur permettent d’affronter le présent et l’avenir de façon plus sereine. On cherche donc à faire apparaître petit à petit des changements d’abord minimes, mais concrets, qui permettent l’amorce d’un « cercle vertueux » vers le changement et des modifications émotionnelles profondes par rapport au problème.
Anne-Laure : Et alors vous nous parlerez de quoi dans vos articles ?
Céline : Pour ma part, on abordera la gestion des blessures, la préparation d’avant match, le respect de mes valeurs de sportifs, les besoins des sportifs, la gestion des émotions, la concentration, l’entraînement mental, l’état de flow…
Yannick : Moi je traiterai des sujets comme : Sport de haut niveau et dépression, proactivité & reconversion professionnelle, confiance et estime de soi, savoir dire non ! le « Non » constructif (trouver sa place au sein d’une équipe ou d’un club), les addictions digitales, la gestion du changement.
Anne-Laure : Un mot pour finir ?
Céline : Je finirais par dire que la PM aide quiconque qui a une volonté de s’améliorer, que ce soit sur un terrain ou en dehors. Dans sa vie professionnelle ou personnelle… (performer pour être un meilleur compagnon pour l’autre mais aussi pour soi). Lorsque j’ai su que j’allais écrire des articles sur la PM je me suis dit qui mieux que les icônes du Handball pour en parler ! Alors j’ai activé mon réseau (merci Marie) et j’ai eu Estelle Nze Minko au téléphone (waaaaaaaouh une des meilleures joueuses du monde !). Dans un prochain article je vous dévoilerais ses propos plus en détails (je place ici un encart publicitaire !) mais je vais utiliser une de ses phrases qui a tout son sens dans cet article : « Être moi-même m’a permis d’être meilleure ».
Et la préparation mentale aide à cela. La connaissance de soi, la verbalisation, l’acceptation et même la prise de conscience fait déjà que vous avez parcouru la moitié du chemin vers le changement.
Et le changement c’est maintenant (comme disais…)
Yannick : Dans ma carrière sportive mais également dans l’entreprise, j’ai vu nombre de personnes disposant de tous les atouts pour réussir. Pour autant, cela ne s’est pas passé comme elles le souhaitaient. Ceci venait simplement du fait qu’elles rencontraient un obstacle de vie, soit dans leur mode de fonctionnement, soit psychologique. J’ai moi-même eu à affronter des difficultés, comme la plupart d’entre nous.
Les mentalités ont très nettement évolué. Si hier on avançait seul et tête baissée parce qu’il n’était pas de mise d’en parler, aujourd’hui ce temps est révolu. Nous cherchons tous à mieux nous comprendre, à mieux nous connaître afin de disposer de réponses plus adaptées lorsque nous sommes confrontés aux difficultés que nous amène la vie. C’est ce que je me propose de faire avec chacune des personnes dans cette situation souhaitant créer ou recréer une base de fonctionnement stable et équilibrée nécessaire à la performance de haut niveau.
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Céline Auriemma :
celauriemma@gmail.com – 06 65 63 25 45
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Graphisme : Marie Olive (des besoins en graphisme ? Contactez là >> olive.m19@gmail.com)