Ancienne capitaine de l’équipe de France, Amélie Goudjo est désormais consultante sur les antennes de beIN SPORTS et Sport en France. Une vocation née dans l’un des moments les plus douloureux de sa carrière de joueuse.
Ma carrière
« Une belle carrière. » A l’heure de jeter un oeil sur presque vingt de carrière au plus haut niveau, Amélie Goudjo a le sourire. « J’ai eu la chance de me faire plaisir sur le terrain, de gagner des médailles avec l’équipe de France, d’en être la capitaine, glisse l’ancienne pivot. J’ai aussi pu aller jouer à l’étranger, apprendre de nouvelles langues, rencontrer plein de gens. » Une trajectoire loin d’être évidente lorsque la jeune Amélie pousse pour la première fois les portes du club d’Hauteville-Lompnes, dans l’Ain, à l’âge de 14 ans, après avoir découvert le handball à l’UNSS. « Après un an, je suis parti à Lyon, pour faire le sport-études. Pourtant j’étais nulle, sourit-elle. Je faisais des ronds de bras à l’envers, il y avait tout à faire ! Mais j’ai beaucoup travaillé pour rattraper ce retard. »
Un travail qui finit par payer puisque la native de Nantua va ensuite passer par les clubs de Toulon, Fleury, Issy, avant une première expérience à l’étranger, à Bera Bera, en Espagne. C’est là qu’elle remporte son premier titre, la Coupe de la Reine, en 2009. « C’est sans doute la meilleure période de ma carrière, puisqu’on remporte ensuite les Jeux Méditerranéens avec l’équipe de France, puis on enchaîne avec une médaille d’argent au Mondial, alors que personne ne nous attendait », se souvient celle qui fait ensuite son retour à Issy-Paris, période durant laquelle elle connaît le pire souvenir de sa carrière, une non-sélection pour les JO 2012, alors qu’elle est capitaine des Bleues.
« C’est le plus gros coup dur de ma carrière. Pour moi, les Jeux, c’est un rêve depuis toute petite. Les Jeux, je les regardais à la TV, je regardais Carl Lewis, les escrimeurs, ce rêve je l’avais au fond de moi depuis le début, souffle-t-elle. J’avais alors 32 ans, je savais que c’était ma dernière opportunité. Ce fut très dur à digérer. Je suis passée par toutes les émotions, de la tristesse à la colère, en passant par la rancoeur. J’avais perdu confiance en moi. » Une épreuve qui marque, paradoxalement, une première pierre dans la reconversion de la sportive. « beIN m’a proposé de faire la consultante pour ces JO, et j’ai accepté », confirme celle qui ne prendra sa retraite que trois ans plus tard. Les jalons de l’après-carrière sont toutefois déjà posés.
Mes études
Après trois années de lycée durant son sport-études à Lyon, Amélie Goudjo s’inscrit à l‘université. « Il était hors de question de m’arrêter au bac, souligne-t-elle. On sait à quel point une carrière peut être fragile, qu’elle peut s’arrêter sur une grosse blessure ou sur un coup de malchance. J’ai donc obtenu mon Master en sociologie appliquée au développement local. Il me fallait absolument ce petit bagage avant de me lancer vraiment dans la carrière pro. C’est seulement à ce moment-là que j’ai signé mon premier contrat pro, à Toulon, en 2003. » Si elles disparaissent un temps de la vie de l’internationale tricolore, les études repointent finalement le bout de leur nez dix ans plus tard. « J’ai passé un certificat en préparation mentale, confirme l’intéressée. J’ai pris cette décision après ma mise à l’écart pour les Jeux. J’avais besoin de cette étape pour comprendre. J’ai passé ça tranquillement, en deux ans. »
Parallèlement aux études, Amélie Goudjo met un premier pied dans le monde professionnel dès 2011. « Lors de mon retour à Issy-Paris, je commençais à m’ennuyer un peu en ayant que le sportif dans ma vie. Avec Arnaud Gandais, on a mis en place l’association « Educ’Hand » dont je me suis occupée pendant près de trois ans, et qui existe encore », décrypte-t-elle. Et puis, lors de l’été 2012, il y a cette expérience pas comme les autres, celle de consultante sur des Jeux auxquels elle se voyait participer. « Pour tous les matches en dehors de ceux qui concernaient l’équipe de France, j’ai pris énormément de plaisir avec l’équipe de beIN, note-t-elle. Pour ceux des Bleues, c’était beaucoup plus dur. J’avais l’impression de passer 60 minutes à trembler… Ce n’était pas vraiment agréable, non. » Reste que la petite graine est plantée…
Ma fin de carrière
L’arrêt de carrière d’Amélie Goudjo démarre par un rendez-vous manqué. « Le projet, c’était de terminer à Issy-Paris. Mais on ne s’est pas entendu car je voulais faire une dernière année, regrette-t-elle. Je voulais arrêter quand j’en avais envie, pas qu’on me l’impose. A partir d’un certain âge, vers 32-33 ans, on me demandait tout le temps quand je souhaitais arrêter. Mais ça reste un choix personnel, et chacun son parcours. Tant qu’on s’amuse et qu’on garde la passion… » Cette passion, la pivot va finalement peu à peu la perdre durant une ultime expérience manquée, en Slovénie, du côté du côté de Ljubljana. « Autant j’avais adoré l’Espagne, autant là j’ai ressenti une fracture culturelle. Je ne me suis pas faite à l’état d’esprit, et c’est pour ça que j’ai décidé d’arrêter. »
Nous sommes alors en 2015, et la joueuse de handball doit laisser place à une nouvelle femme. « C’est une vraie phase de déprime. Identitairement, il y a plein de questions que l’on se pose, décrypte-t-elle. Je me suis demandée : « Qui suis-je sans le handball ? ». On vit presque 20 ans avec une identité très reliée au personnage que l’on est sur le terrain. Quand c’est fini, on se pose la question du transfert de compétence. Je me sentais compétente sur le terrain, mais je ne savais pas si j’allais l’être aussi ailleurs. Ce n’est pas automatique. Et puis le milieu du sport est aussi très infantilisant, on est à l’écart de plein de choses. il faut un peu de temps pour tout mettre en place. »
Ma vie actuelle
Après cette phase de bilan, Amélie Goudjo remonte vite en selle du côté de beIN SPORTS, qui lui propose de commenter la Ligue des champions ainsi que les matches de LFH. « Ca m’a permis de passer à autre chose, souffle-t-elle. Mais rapidement, je trouvais que ce n’était pas assez dynamique, et j’ai enchaîné sur un bilan de compétences qui m’a pas mal aidée. » Responsable de projet pour l’agence pour l’éducation par le sport (APELS), l’ancien joueuse d’Issy s’épanouit durant un peu moins de deux ans, avant de donner naissance à son deuxième enfant. « Je ne pouvais pas tout faire, alors je me suis recentrée sur mon rôle de maman et celui de consultante, sourit celle qui, en plus de son rôle à beIN, commente désormais les matches de Ligue Butagaz Energie sur Sport en France. Ca me convient parfaitement, je peux vraiment approfondir mon travail, il y a pas mal de matches sur l’année. Je suis très heureuse. »
Mon oeil sur le handball actuel
Retraitée depuis bientôt cinq ans et désormais observatrice privilégiée du handball hexagonal, Amélie Goudjo livre un regard averti sur les évolutions de la Ligue Butagaz Energie. « C’est une des plus belles saisons que j’ai pu vivre. Je trouve que le championnat est super intéressant, avec des surprises à chaque journée, une belle qualité de jeu, des équipes renforcées. Les filles ont énormément progressé dans le rythme du jeu, avec de meilleurs savoir-faire individuels, notamment au niveau de l’attaque, conclut celle qui suit également les performances de Metz et Brest sur le front européen. J’avais l’impression que c’était l’année de rêve avant le Mondial. On avait deux équipes qui cartonnaient en Ligue des champions, peu de joueuses à l’étranger, je pensais qu’on allait dérouler. Bon, ça ne s’est pas fait (sourire). Maintenant Metz et Brest sont des postulantes pour le Final 4 et c’est une super nouvelle. Ca nous promet de belles choses sur la fin de saison. »
Benoît Conta