Trois ans après la fin de sa carrière, Cédric Paty attaque sa quatrième, et dernière, année d’école de kiné. Une vocation que le champion olympique 2008 s’est découvert durant sa carrière.
Ma carrière
« Je ne me suis jamais posé la question ! » Trois ans après la fin de carrière, Cédric Paty n’est pas du genre à ressasser les vieux souvenirs. « Il n’y a pas de nostalgie, non », souffle l’ancien Chambérien. Pas de nostalgie, mais la satisfaction d’avoir vécu à fond « 30 ans de handball ». « Je n’ai jamais essayé de comprendre ma carrière, je l’ai juste vécue, explique le natif de Châtillon-sur-Seine, en Côte d’Or. Je n’ai pas suivi un cursus normal. A 18 ans, je jouais encore en départemental avec les copains. La suite, ça s’est fait naturellement, je ne regrette aucun de mes choix. »
Un choix ressort toutefois du lot, celui de passer du poste d’arrière à celui d’ailier. Passé par Dijon, puis Villefranche, celui qui s’est engagé en 2006 avec Chambéry voit alors sa progression se heurter à un plafond de verre. « Mais Laurent Munier et Philippe Gardent ont eu la très bonne idée de me faire glisser à l’aile droite, un poste que je ne connaissais pas. C’est ce qui m’aura permis de faire 10 ans dans un club qui est devenu une famille pour moi, Chambéry, et qui m’aura aussi ouvert les portes de l’équipe de France, estime « Cécé », devenu champion olympique en 2008, à Pékin. Ce titre, c’est forcément une apothéose. Mais ce que je veux retenir c’est l’aventure humaine derrière ça, c’était tellement intense… Plus globalement, ce que je retiendrais de ma carrière, c’est la façon dont elle m’a fait grandir, les gens que j’ai pu rencontrer, et qui resteront à vie des amis. »
Mes études
Si Cédric Paty n’a pas suivi un « cursus normal » au niveau handball, il l’a en revanche suivi sur le plan scolaire. « J’aurais pu entrer au sport-études de Dijon, Alain Quintallet souhaitait m’y intégrer. Mais j’avais un deal avec mes parents, et la priorité c’était d’avoir le bac. Ensuite je pouvais faire ce que je voulais, se souvient le Bourguignon, qui a décidé de continuer ses études après le bac. Mais c’était logique pour moi, car à l’époque, le handball était une passion avant tout. Quand j’étais jeune, mon objectif était de jouer en équipe 1, en Prénationale, à La Chatillonnaise. (sourire) C’était plus un rendez-vous avec les copains qu’une réelle ambition. »
A 24 ans, celui qui est encore arrière droit dispose alors de deux diplômes en poche : une maîtrise en STAPS et un diplôme européen de préparateur physique. Un bagage suffisant pour se lancer corps et âme dans sa carrière pro. « Il me fallait ce bagage pour être prêt si ma carrière s’arrêtait d’un coup, pour une raison X ou Y. Je devais en passer par là, même si ce n’était pas franchement quelque-chose qui me bottait plus que cela, souffle-t-il. Je ne suis pas quelqu’un d’hyper talentueux ni de très scolaire. Mais je l’ai fait car c’était indispensable. »
Mon entre-deux
Durant sa carrière, Cédric Paty a d’abord choisi de lancer son entreprise, en compagnie de son meilleur ami, Matthieu Drouhin. Les deux Bourguignons, passionnés de vin, lancent en effet « Vin 21 », site de vente à distance de vins (de Bourgogne !). « C’était un bel exutoire, estime l’ancien ailier. C’était un moyen de s’appeler tous les jours et de parler d’autre chose que du handball. Maintenant, avec nos emplois du temps, c’est un peu plus compliqué à gérer, on a mis ça un peu de côté. » Car entre temps, le champion olympique a trouvé sa voie. Il sera kiné. « J’ai eu de grosses blessures durant ma carrière, et j’ai passé de nombreuses journées de 5h avec eux, sourit-il. Ca m’a vraiment plu et, petit à petit, l’idée a germé. Je l’ai mise dans un coin de ma tête. »
Dès 2012, à 31 ans, le Chambérien commence à prendre des renseignements, et démarre ensuite un cursus aménagé, en 2013. « J’ai fait une demi-année sur cette saison-là, puis, avec la Coupe d’Europe, j’ai de nouveau appuyé sur le bouton pause, ce qui est possible lorsque tu es sportif de haut niveau. » C’est la possibilité d’à nouveau appuyer sur le bouton lecture qui permet à l’ailier droit de prendre sa retraite sans regret, en juin 2016. « J’arrivais à la fin de mon histoire avec Chambéry, après 10 ans. J’ai eu des propositions mais j’étais installé et heureux avec ma famille, dans un cadre de vie qui me plaisait, le tout avec une reconversion qui m’attendait. C’était le bon moment. »
Ma vie actuelle
Après trois années d’études, Cédric Paty attaque désormais la dernière ligne droite, avec, si tout va bien, un diplôme de kiné en juin 2020. « Mine de rien, c’est un peu long, rigole-t-il. C’est pas mal de contraintes, et il y a eu des hauts et des bas. Mais c’est quelque-chose que je souhaitais et je travaille pour une belle raison. Ca mérite bien quelques sacrifices. » L’ancien joueur doit en plus jongler avec un emploi du temps bien rempli, puisqu’il a dans le même temps accepté un poste d’entraîneur à Annecy-le-Vieux, désormais pensionnaire de Nationale 1.
« On m’a offert cette possibilité de transmettre ce que j’ai pu apprendre, pour faire progresser un club. C’était un beau challenge et ça m’a permis de ne pas couper du jour au lendemain avec le milieu du handball, souligne celui qui n’a pas encore tranché sur la suite à donner à cette carrière de technicien. Ce qui est sûr, c’est qu’en août 2020, je veux démarrer mon activité de kiné. Je ne mettrais pas ça de côté. Pour le reste, je me laisse le temps de la saison pour y réfléchir. »
Mon conseil
A l’heure de conclure, Cédric Paty a bien conscience de prendre la position « du vieux con ». « C’est ce qu’on se dit maintenant, quand je croise un joueur de ma génération, sourit-il. Mais je suis persuadé que l’épanouissement d’un joueur passe par les études. Même quand tu es un joueur de très haut niveau, il y a de nombreuses possibilités d’adaptation sur les études. Il faut essayer de faire une formation post-bac dans une voie qui peut potentiellement t’intéresser, et puis garder ça en tête pour anticiper la suite. Une carrière, ça peut aller vite, avec une blessure, ou un mauvais choix de club. Il y a tellement d’exemples de carrières qui s’arrêtent du jour au lendemain. Et puis, même humainement et psychologiquement, c’est une belle bouffée d’air frais, pour ne pas tout le temps avoir le nez dans le guidon. »
Benoît Conta
Crédit photo : LNH.
3 comments
ROYER Jean
26 septembre 2019 at 18 h 29 min
Excellent comportement d’un joueur de valeur qui a su allier sport et études avec l’assentiment de parents sportifs .
Jean ROYER
Marie-Pierre
29 septembre 2019 at 23 h 41 min
quelle intelligence..et quelle simplicité dans les réponses ! Merci Cécé, fière de t’avoir cotoyé toutes ses années, entre gymnases et fondues! Bonne chance et bisous dd Socquette
Amy
10 octobre 2020 at 9 h 04 min
C’est oublier sa réussite familiale, une femme et des enfants craquants
Philippe