A la retraite depuis désormais deux ans et demi, Karolina Zalewski jette un oeil sur sa carrière, durant laquelle elle n’aura pratiquement jamais lâché son double-projet.
Ma carrière
« Avec un père handballeur, je n’allais pas y échapper bien longtemps. » Fille de Mariusz Zalewski, ancien international polonais, Karolina Zalewski a douze ans lorsqu’elle franchit les portes du clubs de Conches, en Normandie. Arrivée en France à l’âge de trois ans, la native de Varsovie ne le sait pas encore, mais son petit doigt vient de se coincer dans l’engrenage. Le handball ne la quittera plus. « Ma carrière s’est déroulée comme sur des rails, au gré des opportunités qui se sont offertes à moi, et que j’ai su saisir », note l’ailière droite. Après ses débuts dans le fief familial, elle enchaîne avec une année à Chateauneuf, puis Fleury, dès l’âge de 16 ans. Huit ans plus tard, elle migre vers Issy-Paris, qui sera son dernier club. Une aventure que la Franco-Polonaise a vécu sans jamais regarder en arrière.
« Il faut dire qu’à la base, devenir professionnelle n’était pas un objectif. Je ne pensais pas pouvoir vivre de ma passion, décrypte celle qui va même vivre une aventure internationale sur le tard, avec l’équipe nationale de Pologne. Ca s’est fait car je discutais avec Monika Stachowska, qui évoluait alors à Brest. Elle a alors appris que j’avais la double-nationalité, et a appelé sa Fédération qui n’était pas au courant, car elle pensait que j’étais seulement Française, ayant évolué avec les équipes de France chez les jeunes. Ca m’a offert de superbes expériences. Avec les matches de Coupe d’Europe en club, les compétitions avec la Pologne, et notamment notre 4e place au Mondial 2015, sont mes meilleurs souvenirs. Ce sont de vrais émotions partagées, de vrais moments de partage. C’est ce que l’on garde au final. »
Mes études
Alors qu’elle démarre sa carrière à l’orée des années 2000, la case « études » est alors incontournable. « La LFH n’était pas encore créée, c’était plutôt bidouille et compagnie à l’époque », rigole la Franco-Polonaise, qui s’oriente vers une filière Staps, pour empocher son Master Management et organisation des sociétés et événements sportifs. « Issy m’avait contacté plus tôt, mais je voulais absolument décrocher mon diplôme avant de partir, souffle celle qui ne nie pas quelques galères pour allier handball et études. A l’époque, on n’avait pas trop le choix, et ce n’était pas hyper adapté comme ça peut l’être maintenant. Ca faisait vraiment de grosses journées, et je ne suis pas sûr de pouvoir le refaire à nouveau. » Reste qu’à son arrivée dans la capitale, Karolina Zalewski démarre une carrière de handballeuse à temps plein… qui ne lui convient pas.
« Très rapidement, j’ai vu qu’il me manquait quelque-chose. Il me fallait quelque-chose à côté pour mon équilibre. Quand on n’a que la tête au terrain, on a du mal à relativiser, explique-t-elle. Le handball prend une grosse place, et empiète sur nos vies, il me fallait quelque-chose pour garder les pieds sur terre… et activer mes neurones ! (rires) » En 2011, son club lui propose alors de s’occuper du marketing et de la communication du club, en parallèle de sa vie de handballeuse. « Ca m’a donné un rythme sympathique, sourit-elle. Mais le principale, c’était ma carrière de joueuse, et c’était le deal avec le club. Pour le coach, il ne fallait pas empiéter sur les phases de récupération par exemple. Au final, et même si j’ai eu quelques coups de mou, je n’ai jamais regretté ce choix. Et je pense que j’ai été assez sérieuse sur le reste pour être relativement épargnée par les blessures. »
Ma décision
Après six années avec cette double-casquette, Karolina décide de raccrocher au terme de la saison 2016/2017. « Ce n’est pas mon corps qui m’a dit d’arrêter. C’est une décision personnelle. Pour moi, le hand c’était du partage et une aventure humaine. Quand mon petit univers s’est arrêté, quand les ami(e)s n’étaient plus là, c’est qu’il fallait s’arrêter. Et puis j’avais aussi envie d’arrêter sans faire l’année de trop, en étant mise sur le banc par exemple. Finalement, j’ai stoppé sur une finale à Bercy, il y a pire, non ? », sourit celle qui raccroche à l’âge de 33 ans, pour directement passer à plein temps au marketing de son club. Un arrêt tout en douceur qui n’empêche pas la jeune femme de connaître la « petite mort » du sportif.
« Je pensais que ce serait plus facile car c’est une décision que j’ai prise très tôt dans la saison. C’était quelque-chose de digéré. Alors, durant les premières semaines, on redécouvre les week-ends, les sorties, mais rapidement il y a un vide. On ne sait plus trop quoi faire de ce temps, et il me manquait cette adrénaline quotidienne, toutes ces émotions, décrypte celle qui se réfugie dans… le sport. C’est une drogue pour moi, j’en fais presque tous les jours. Grâce à une copine, j’ai même intégré l’équipe de France de Touch Rugby, avec qui j’ai disputé la Coupe du monde en Malaisie, en avril dernier. Une superbe expérience. Pouvoir vivre une telle compétition, mais d’un point de vue amateur, sans tout le stress que j’ai pu connaître avec l’équipe de Pologne, c’était vraiment sympa. »
Ma vie actuelle
Salariée au Paris 92 depuis deux ans et demi, Karolina Zalewski s’épanouit à son poste, mais ne ferme pas la porte à une nouvelle expérience. « Tout se passe bien, mais je suis en pleine réflexion pour la suite. Pourquoi ne pas faire un bilan de compétence pour élargir mon horizon ? J’ai suivi un cursus un peu tracé car à mon époque, j’ai choisi Staps un peu par défaut, car il n’y avait rien d’adapté. J’aime ce que je fais, mais j’ai aussi envie de voir si je peux faire autre chose, ce que je n’ai pas eu le temps de faire jusque-là. On verra bien », souffle-t-elle.
En attendant, l’ancienne joueuse peut encore livrer de précieux conseils aux membres de l’effectif francilien. « Elles passent toutes par mon bureau et je leur dis qu’il faut qu’elles profitent de cet avantage d’avoir un peu les études qu’elles veulent, des études vraiment adaptées, conclut-elle. Mais elles n’ont pas besoin d’êtres vraiment convaincues, elles sont toutes dans des études sérieuses. C’est une équipe où les filles ont bien la tête sur les épaules, et elles comprennent les enjeux d’une carrière. Elles anticipent leur avenir, et c’est plutôt bien. »
Benoît Conta
2 comments
Oury
19 décembre 2019 at 7 h 47 min
Bravo à Karolina pour son courage son intelligence, son humilité et son partage. Le principal est de se réaliser dans la vie, de partager et c’est ce qu’elle fait. En cette période de fêtes et de voeux, souhaitons lui que d’autres opportunités s’ouvrent à elle dans ce sens.
Michèle Castel
27 décembre 2019 at 0 h 17 min
Bravo Karelina je te félicite pour ton tres beau parcours moi qui t’ai vue arriver à 3 ans petite poupée blonde tu es devenue une belle jeune femme et une belle personne.je t’embrasse.