Sortie de Vestiaire, Marie Olive

3 mars 20220

Pour ce nouveau portrait “Sortie de Vestiaire” nous sommes allés à la rencontre de Marie Olive, une joueuse à la retraite qui a combiné pendant plusieurs années son activité de graphiste freelance en parallèle du handball.

MA CARRIÈRE

C’est à Segré dans le Maine et Loire, que Marie, 7 ans, a fait ses premiers pas sur un terrain de handball. « Au début, c’était pour suivre mes copains de classe. C’était un jeu » se souvient-elle. « Au collège ensuite, j’ai essayé le basket mais il y avait trop de monde. Si j’avais pu faire du football j’en aurais fait, mais à l’époque ce n’était pas un sport de filles » ajoute l’ancienne handballeuse non sans une pointe de regret. « J’ai des facilités en sport, j’aime le beau jeu et j’adorais recopier les stars. Donc j’aurais pu faire du foot, basket, tennis, volley, mais finalement je suis retournée au handball.  »

En parallèle du Sport Études, Marie est appelée en Équipe de France Jeune « En équipe de France jeune, c’était la génération Amandine Leynaud, Siraba Dembéle, Camille Ayglon, Mariama Signaté. Une sacrée équipe ! Mais à cette époque, je me suis pétée les ligaments croisés, alors que j’étais en pleine ascension. Je crois que ça a marqué un tournant dans ma jeune carrière. Je me suis toujours investie aux entrainements, aux matchs mais il y avait quand même cette peur de se blesser si je poussais trop » raconte l’ancienne pivot.

À 17 ans, Marie rejoint Nantes en 2ème division : « Florence Sauval était à la tête de l’équipe. C’était une entraineuse à la dure : une passionnée, à fond dans le handball. Ça m’a appris les bonnes bases de handball. Je l’ai ensuite suivie à Lyon. L’objectif était de monter, mais c’est Plan de Cuques qui est monté à notre place » , un clin d’oeil pour celle qui finira sa carrière dans le club marseillais. J’ai ensuite été sollicitée par des clubs de D1 mais je ne voulais pas être 3ème pivot. Je voulais jouer. J’ai donc rejoint mon entraineur de pôle qui était à Toulouse, même si c’était de la N1 ». À Toulouse, la jeune pivot s’épanouit sur et hors des terrain. « La ville, l’ambiance, l’équipe, c’était top ».  Pourtant, deux montées successives plus tard (de N1 à D2 et de D2 à D1),  le club dépose le bilan. Après un coup de fil de Valérie Nicolas, c’est à Nice que la route de Marie Olive se poursuit. « Ça a été une expérience particulière en bien et…en moins bien. Je n’adhérais pas à certaines facettes du club, et puis je ne jouais plus du tout la 2eme année. Notre collaboration s’est terminée lors de la montée en D1.  Je suis alors partie à Cannes en D2. Je suis restée 2 ans…2 ans de trop (rires). On a découvert qu’ils avaient fait des faux contrats. Une joueuse les a mis au prud’hommes, et toutes celles qui ont soutenu sa cause se sont faites virer la saison d’après, se souvient Marie. Pour moi ça n’a pas été la meilleure des années. Cette année-là mon papa est décédé, je reviens de l’enterrement et mon entraineur m’annonce que le club ne me garde pas car ils veulent changer de profil de pivot. C’était un mal pour un bien. Ils ont déposé le bilan deux ans après… le karma comme on dit » ajoute l’angevine.

Après un court passage à Angoulême, l’ancienne pivot pose finalement ses valises à Plan de Cuques, une commune aux portes de Marseille. « C’était l’aventure.. je suis arrivée et je n’avais pas d’appartement. C’est une dame du bon coin qui m’a dépanné (rires). Et finalement je suis restée 2 ans dans cette maisonnette chez l’habitant. Avec le club, nous avons gravi les échelons petit à petit jusqu’à la montée en 1ère division.  Ça a été ma dernière année de carrière. Je n’ai pas beaucoup joué, j’avais très peu de relations avec le staff, heureusement que les filles étaient là ; il y avait une bonne vie de groupe. Au final ce n’est peut-être pas un très bon souvenir, mais je suis contente d’avoir participé au projet » ajoute-t-elle. C’est vrai que quand je regarde ma carrière, j’ai cette frustration de ne pas avoir joué plus que ça, mais je ne blâme personne, ça fait partie des expériences de la vie. Cependant j’ai adoré rencontrer toutes ces joueuses. Par exemple Valérie Nicolas et Nodjialem Myaro, que j’avais en poster dans ma chambre. C’était un rêve de petite fille de jouer avec elles. Et je me suis rendue compte que c’étaient des filles super accessibles (rires). Le handball m’a aussi fait voyager, ça m’a donné un salaire : je n’avais pas une famille qui pouvait m’aider financièrement donc quand j’ai eu mon premier appart payé par le club ça m’a permis d’être indépendante » raconte Marie.

MES ÉTUDES

« J’ai passé mon bac L en même temps que le sport études. Je l’ai eu au rattrapage mais je l’ai eu ! Mon père me disait « tant que tu n’as pas ton bac, tu ne sors pas de la maison et tu m’auras sur le dos » : après il m’a laissé tranquille (rires). Il a tenu parole car après mon bac je suis partie au NLAH, à Nantes » se souvient Marie. Sans grande conviction, la pivot poursuit ensuite ses études en STAPS jusqu’en Master : « Ça ne me plaisait pas vraiment, c’était un peu la voie par défaut pour les sportifs. Je faisais déjà trop de sport entre la fac et le handball. En revanche vis-à-vis de mon père, ça a été dur de lui dire que je me réorientais. Et puis je n’avais pas les moyens de faire une école payante ».

À Toulouse, Marie décide de faire une formation en ligne de designer graphique. « J’adore le dessin, la musique, la culture. J’ai toujours eu ce côté artiste. Ça s’est ressenti dans mon jeu : j’aimais bien les gestes techniques : passe dans le dos, roucoulette, kung-fu, on m’appelait l’artiste (rires) même si ça m’a quelques fois desservi » rigole Marie.

Une fois arrivée à Angoulême, elle se lance alors à son compte et propose ses services au club ainsi qu’à ses partenaires. « Dans tous les clubs où je suis passée, j’ai pu accumuler de l’expérience car je faisais des affiches, des visuels. Alors au début c’était plus ou moins gratuit et puis Plan de Cuques m’a proposé un contrat en freelance pour s’occuper de leur communication.» indique Marie.

MA TRANSITION

« Être graphiste à côté du handball, ça m’a toujours apporté un équilibre. Quand je faisais que du handball je m’ennuyais. Mais il a fallu bien le gérer. Si j’en faisais trop, je n’étais bonne ni dans l’un ni dans l’autre, admet Marie. L’an dernier, j’ai senti que j’avais atteint le bout du bout. Jouer dans une équipe professionnelle, c’est beaucoup de contraintes, de déplacements, d’horaires : j’avais mon petit Jules à aller chercher à la crèche, mes clients, mes entrainements. Mais c’est vrai que j’avais aussi cette appréhension d’arrêter le handball et de me consacrer uniquement à mon activité : et si je n’avais pas assez de clients ? pas assez d’argent ? C’est pour cela qu’il y a 2/3 ans j’ai passé la seconde avec mon activité de graphiste. J’ai activé mon réseau. Je suis au taquet sur LinkedIn (rires) » raconte Marie.

C’est donc en juin 2021, que l’ancienne pivot décide de raccrocher définitivement les baskets.

MON ACTUALITÉ

« Aujourd’hui je ne regrette rien. J’arrive à me dégager un revenu normal, je suis épanouie, j’ai un rythme qui me plait et j’ai du temps pour moi » résume la graphiste.

« Je contacte pleins de monde, je présente mes services : ça marche une fois sur 50, mais c’est important de se montrer. Et puis après c’est le bouche à oreille qui joue. Par exemple j’ai été contactée par Hummel pendant le confinement, qui a vu mes créations fictives de maillots de clubs de Ligue Butagaz Énergie. Ça fait deux ans que je bosse pour eux. J’ai fait le design des maillots de Plan de Cuques, Créteil, Chartres, Toulon. J’ai travaillé avec la fédération de squash l’an dernier, ou encore Agen en rugby. J’ai même collaboré à la création d’ une marque « supporter » pour l’ASSE football. C’est génial. Sur linkedin j’ai aussi démarché au culot et c’est grâce a cela que je travaille aujourd’hui pour la FFR (Fédération Francaise de Rugby) et pour une autre grosse agence qui s’appelle Public Averti.

Mon projet serait de continuer à travailler dans le sport. Je pense que mon parcours de joueuse peut être un avantage. Je sais de quoi je parle. Je cherche des projets sympas sur une ou plusieurs saisons : pas seulement pour faire 3 affiches, mais un vrai projet global. Je veux accompagner des structures sportives sur leur image. Je recherche donc des clubs, des agences spécialisées sport, des fédérations, des ligues, avec une ligne budgétaire consacrée à leur com.  Avant je négociais en carte cadeau (rires) mais là c’est fini ! rigole Marie. J’adorerais aussi accompagner les joueurs et joueuses sur leur image, mais je ne pense pas qu’ils sont prêts à mettre de l’argent sur ça » .

MES CONSEILS

« Ce que je peux conseiller aux joueurs et joueuses c’est de trouver un métier qui leur plait, qui les passionne. J’ai l’impression que trop souvent certains s’engagent dans des trucs par défaut parce qu’on leur dit « ah tu es reconversion ? je connais un mec qui cherche quelqu’un pour ce job » : trouver sa voie ce n’est pas facile mais c’est important. Des fois il suffit d’écouter ses passions, comme pour moi le dessin et d’oser faire le premier pas. On est tous fait pour quelque chose, il faut prendre le temps de trouver sa voie. Et puis maintenant avec l’AJPH, il y a pleins de bilans d’orientation qui peuvent vous aider. Pour moi, le graphisme ça a été un complément dans ma vie de sportive car j’avais besoin de décrocher du hand dans ma journée. Le plus dur est de trouver l’équilibre entre les 2 pour prendre du plaisir et être performante.

Et on ne le dira jamais assez mais c’est important d’anticiper, car une fin de carrière ça peut arriver vite » conclut Marie.

Et pour découvrir son travail c’est ici : https://evilodesign.myportfolio.com/ ou encore ici https://www.facebook.com/olivemariegraphiste/

N’hésitez pas à la contacter via Linkedin par exemple : https://www.linkedin.com/in/marie-olive-37717989/

Anne-Laure Michel

Credits photos : Frédéric LLOPIS

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