Sortie de Vestiaire, Thomas Cauwenberghs

20 janvier 20220

Pour ce nouveau portrait “Sortie de Vestiaire” nous sommes allés à la rencontre de Thomas Cauwenberghs, l’ancien joueur belge emblématique qui n’a jamais sous-estimé l’importance de créer du lien avec les sponsors. Nous avons également rencontré Stéphane Bitz, Responsable des Ventes Sport France chez Gerflor, qui a joué un rôle important dans le parcours de reconversion de l’ancien ailier droit.

SA CARRIÈRE

Sympathique, jovial, curieux : croiser Thomas Cauwenberghs sur un terrain comme au salon VIP, ne laisse rarement indifférent. Et pourtant… à ses débuts, rien ne prédestinait le jeune Thomas à faire une carrière de handballeur : « Mon premier contact avec le handball, c’était en stage scolaire avec mon frère. Et contrairement à lui, j’ai détesté (rires) » raconte l’ancien ailier droit. Mais bon en voyant mon frère marquer des buts ça m’a donné envie. Et je me suis inscrit au club à côté de chez mes parents, le ROC Flémalle. Sauf que moi je n’étais pas très bon et je ne marquais pas de buts (rires). Avec mon frère, on a beaucoup joué ensemble. À la maison, les pots de fleurs de mes parents s’en souviennent encore (rires) » Ensemble ils joueront jusqu’en D1 Belge, jusqu’à ce que Thomas se dirige du côté flamand où les clubs de handball étaient davantage structurés.

Cependant l’ailier droit peine à trouver sa place dans le handball de haut-niveau belge : « J’avais un mal être en tant que joueur. Je n’ai jamais senti qu’il y avait une vision ici. J’ai pensé à arrêter d’ailleurs. J’avais un boulot dans le secteur pharmaceutique à temps plein et avec les entrainements 4 fois par semaine c’était trop, je ne faisais rien de bon. Alors que quand je regardais le handball en France c’était différent. Déjà en 2001 ça m’avait marqué : je regardais le championnat du monde en France à la télévision et je me suis rendu compte que c’était le début de quelque chose d’énorme » se souvient Thomas. Pour ce dernier, un second fait marquant fut l’arrivée de Yérime Sylla accompagné de Ragnar Oskarsson à la tête de la sélection Belge en 2011 : « C’était le graal. Ils ont amené une vision, une culture professionnelle. Yérime venait de gagner la Coupe de France avec Dunkerque. Nous on était là, quand il parlait, personne n’osait répondre (rires). Et c’est là que j’ai compris qu’il fallait que je parte pour un championnat vraiment professionnel » raconte Cauwenberghs.

C’est le club d’Angers qui offre alors son premier contrat de joueur professionnel à l’ancien ailier droit : « Ma femme avait vu sur Facebook qu’Ahmed Adjali s’en allait. J’ai donc appelé David Peneau, je suis allé faire un essai et j’ai été pris (rires) ».

Mais au-delà de l’euphorie de débuter une nouvelle étape dans le pays voisin, les débuts sont difficiles pour Thomas : « je ne venais pas d’un centre de formation, je n’avais pas la culture du professionnalisme. Pour moi les matchs ça se résumait à gagner/perdre/boire un coup. Même l’équipe nationale c’était de la recréation : on était tous amateurs, on prenait des congés pour aller jouer » se souvient-il.  L’ailier droit belge restera une seule saison dans le Maine-et-Loire, pour rebondir à Mulhouse où l’expérience ne fut pas des plus concluantes. En 2014, il est contacté par Ivry alors que le club venait d’être relégué en deuxième division : « je m’en foutais de la relégation. Pour moi c’était un club historique, avec des joueurs top : Ivan Stankovic, Sebastian Simonet… C’était le rêve. Puis Daniel Hager restera un des meilleurs entraineurs et préparateurs physiques que j’ai pu côtoyer » raconte Thomas. À l’issue de sa première saison, il décroche le titre de champion de France de ProD2 et termine meilleur buteur de son équipe avec 97 buts marqué sur l’ensemble de la saison.

« À Ivry, j’y suis resté trois ans. La dernière année a été compliquée. Je ne jouais plus, je ne prenais pas de plaisir. J’ai eu l’opportunité de rebondir à Sélestat, c’est vraiment un beau club. Pareil ça fait partie des clubs qui puent le handball (rires) ». L’ailier droit change alors de statut et devient co-capitaine avec son ancien coéquipier angevin, Yoann Eudaric. « On s’est bien complété pendant 2 saisons. Mais c’était fatiguant : quand tu as cette mission tu t’occupes plus des autres que de toi-même ».

Au niveau international, l’ailier droit met un terme à sa carrière internationale en janvier 2018 après un derby face à la Hollande. Préoccupé à ne pas faire la saison de trop en club, il entame sa dernière année de contrat à Sélestat avec légèreté : « En club, ma dernière saison a été ma meilleure saison. Je n’avais plus le brassard et j’ai pris énormément de plaisir. Ça me fait penser à Mickaël Robin cette année : il devait arrêter, et il fait une saison énorme avec Nantes. Puis j’ai eu ma fille en 2019, elle ne dormait pas. Le covid est arrivé, et j’ai décidé d’arrêter là, raconte Thomas. Je n’ai pas été frustré, 8 matchs de + ou de – c’était pareil. J’ai eu une autre proposition derrière, mais j’étais fatigué. »

SES ÉTUDES

« C’est vrai qu’après ce fameux mondial de 2001, j’avais 17/18 ans et je regardais les centres de formation en France. Mais mes parents ont préféré que j’aie d’abord un diplôme. Si j’étais parti plus tôt, est ce que ça aurait été mieux ? j’aurais été meilleur ?  Je ne sais pas… Maintenant je sollicite l’AJPH pour qu’ils interviennent auprès des équipes jeunes belges, pour que justement le métier d’handballeur professionnel et les centres de formation fassent moins peur aux jeunes belges et à leurs parents ».

Il se dirige donc vers des études de professeur d’éducation physique « Mais je n’ai jamais voulu enseigner, c’est vrai je l’ai plus fait parce que c’était du sport (rires). J’ai travaillé en tant que commercial dans le secteur pharmaceutique. Je n’ai pas fait d’études là-dedans mais j’ai toujours aimé ça le commerce, la relation avec les gens. Mon père avait une ferme et des vaches. Donc j’allais au marché avec lui vendre les vaches (rires). J’ai toujours aimé le contact avec les gens » explique l’ancien ailier droit.

Une fois en France, et en parallèle de sa carrière de joueur, Thomas décide de passer ses diplômes d’entraineur. Il décroche d’abord un DEJEPS puis intègre la promotion du Titre 6 (titre fédéral pour être entraineur professionnel et formateur, ndlr) notamment aux côtés d’Alberto Entrerrios, Rémi Calvel, ou encore Guillaume Saurina : « Dans ma carrière j’ai eu la chance de côtoyer des mecs passionnés qui te transmettent le plaisir d’entrainer. Ratsko (Stefanovic, ndlr), Daniel (Hager, ndlr), David (Pegouy, ndlr), Boro (Golic, ndlr),Tof, (Viennet, ndlr). Mes formateurs aussi, Fred Demangeon, Philippe Schlatter notamment… ils m’ont beaucoup apporté. Je veux également remercier le club de Sélestat et son président Christian Omeyer. Ils m’ont toujours soutenu. Ils ont pris en charge ma formation alors qu’ils savaient que j’allais arrêter. C’était un club propice pour ce projet, c’est une vraie terre de formation ».

Thomas Cauwenberghs et son fils Luc. Crédits : Angélique Kieffer

SON ACTUALITÉ

« Entraineur n’est pas mon activité principale. En tant que joueur j’ai toujours été conscient de l’importance de ne pas se fermer de portes pour l’après. Il se trouve qu’en 2019, j’étais au Bureau directeur de l’AJPH et vous m’avez invité à venir à la soirée des Trophées LNH. Je me retrouve avec Stéphane Bitz de chez Gerflor qui est partenaire de la LNH. Le feeling est très vite passé et il m’a dit : « Le jour où tu arrêtes ta carrière, envoie-moi ton CV ». C’est ce que j’ai fait » raconte Thomas. Il n’y a pas eu de poste libre tout de suite, donc entre temps j’ai travaillé dans une start-up d’application de course à pied ».

C’est finalement quelques mois plus tard, que le natif de Liège est contacté par Gerflor Benelux : « J’ai passé des entretiens. Dans l’un d’eux, ils m’ont demandé : « pourquoi Gerflor ? » je leur ai répondu que j’ai tellement joué de matchs sur des terrains, je connais les différences par rapport à la concurrence. Je connais le produit, je l’ai testé (rires).  Et ça a dû plaire, car j’ai commencé le 1er novembre. Je suis account manager généraliste sur les secteurs de Liège, Namur, Luxembourg. Je touche à 10 secteurs d’activité (santé, sport, commerce, écoles…) : ce que j’aime bien c’est toute cette diversité. Ça m’intéresse de rencontrer des gens, de voir d’autres domaines : des architectes aux mecs qui posent le sol, je côtoie tout ce monde. C’est très enrichissant. Et puis ce qui me plait aussi c’est le contact avec la France : j’ai beaucoup de relations avec des collègues français. Je suis attaché à ce pays. Peut-être qu’un jour je reviendrai en France : je ne me ferme pas de portes. Quand on a été joueur on sait s’adapter, on est mobile : ça fait partie des nombreuses compétences qu’on développe sans le savoir en étant sportif ».

Et ce n’est pas Stéphane Bitz, Responsable des Ventes Sport France chez Gerflor, qui dira le contraire : « Ce qu’on peut rechercher chez les anciens sportifs ? L’esprit d’équipe, l’engagement, leur capacité à dépasser les objectifs tout en faisant preuve d’humilité. C’est exactement ce qu’on a retrouvé chez Thomas », précise Stéphane. « Quand je l’ai rencontré à la soirée des Trophées LNH, il y a eu une curiosité réciproque. J’ai senti qu’il était potentiellement en fin de carrière, et que sa personnalité pouvait correspondre aux valeurs de Gerflor que l’on retrouve dans l’acronyme TRACE (T de Travail d’Equipe, R de Respect et intégrité, A d’Agilité et esprit d’entreprendre, C dans Réussite des Clients, E : Engagement et Responsabilité). En revanche, on ne crée pas de postes sur mesure : il faut d’abord qu’il y ait un besoin et qu’il soit ensuite en adéquation avec le profil, précise ce dernier. Thomas est allé chercher son poste, il a passé les entretiens et a été sélectionné. Gerflor est présent dans plus de 100 pays avec 4200 collaborateurs, 26 filiales et 12 usines ce qui peut laisser la possibilité à d’autres profils au cas par cas d’intégrer le Groupe en France ou à l’étranger.

À lui d’ajouter : « Il faut décomplexer les sportifs : il ne se rendent pas compte de tout ce qu’ils peuvent apporter : ils ont appris à se vendre indirectement à des clubs, à des entraineurs, et à se battre sur le terrain. Ils ont appris pleins de choses qu’ils peuvent mettre à profit d’une société, ajoute le Responsable des Ventes France. Mais c’est vrai aussi, qu’en tant qu’entreprise la question peut se poser de savoir s’ils seront en mesure de s’adapter, d’accepter d’autres contraintes (faire du reporting, de rendre des comptes etc..), peut-être aussi de diminuer leur salaire par rapport à ce qu’ils avaient l’habitude de percevoir en club. L’humilité est importante : les handballeurs ont généralement cette qualité. »

DES CONSEILS POUR LES HANDBALLEUR(SE)S

« Je leur dirais qu’il ne faut avoir peur de parler aux partenaires dans le vip. C’est la clé. Ils aiment le sport, les sportifs, il y aura peut-être « match » pour une future reconversion ou collaboration. Les joueurs développent tant de compétences, qu’ils n’en sont même pas conscients. Il ne faut pas avoir peur de penser à l’après » indique Thomas. Un conseil partagé par Stéphane Bitz : « Pour les joueuses et joueurs c’est important de montrer une disponibilité d’esprit, d’aller à la rencontre des gens, de se dévoiler, de s’ouvrir… Il ne faut pas hésiter à évoquer ses projets en toute transparence, exposer ses motivations. C’est important d’avoir cette démarche-là, et ce, bien avant sa fin de carrière » conseille le Responsable des Ventes France de chez Gerflor.

« Quand tu sais où tu vas, tu es bien meilleur sur le terrain, indique l’ancien ailier droit. Ce n’est pas un frein à la performance. Les clubs doivent inciter l’esprit de recherche, d’initiative, d’entreprenariat, de relationnel. Ça rend les joueurs plus intelligents, ça aidera les clubs et ça intéressera les partenaires. J’ai un dernier conseil : Quand tu veux quelque chose, il faut se donner les moyens. Gerflor m’intéressait vraiment. Ils sont partenaires historiques des jeux Olympiques. C’est une boite qui dégage quelque chose. Je n’ai pas lâché et j’y ai cru, je me suis bien préparé : peut-être que ça n’arrive pas tout de suite mais si tu te donnes les moyens, ça arrivera. Et puis, si je n’avais pas été au Bureau Directeur de l’AJPH, je ne serais jamais allé à la soirée des Trophées LNH, donc engagez-vous !! (rires) ».

Anne-Laure Michel

Crédits photos : Angélique Kieffer

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