Chef de projet Sponsoring à l’Olympique Lyonnais, Marion Vialatte, ancienne joueuse de Lyon, Nîmes ou Toulon, revient sur une conversion qu’elle a construit à la force de son poignet.
Ma carrière
« Une carrière passionnante. » A l’heure de jeter un oeil dans le rétro, et de juger son parcours sportif, Marion Vialatte est fière du chemin parcouru. « Maintenant que j’ai un peu de recul, que je suis dans mon après-carrière, je me rends compte à quel point j’ai la chance d’avoir vécu tout ça, souffle l’ancienne demi-centre. Ce n’est pas spécialement quelque-chose qui me faisait rêver quand j’étais petite, car les filles n’étaient à l’époque pas professionnelles, même en équipe de France. Mais je me suis laissée porter par ma passion, et un jour, on m’a proposé de l’argent pour faire du handball. J’ai trouvé ça cool (sourire). »
Passée par l’Asul Vaulx-en-Velin, Nîmes et Toulon, la native de Saint-Chamond garde un souvenir émue de ses premières années handballistiques. « Mon meilleur souvenir ? Bizarrement le sport-études car c’était encore l’insouciance des débuts. Je jouais au plus haut-niveau avec mes amies. On vivait un truc de fou, décrypte celle qui consent un regret sur son parcours. Rétrospectivement, j’aurais aimé jouer à l’étranger. Profiter du sport pour découvrir un autre pays, une autre culture. Mais ce n’était pas le même monde qu’aujourd’hui, on n’avait pas d’agents à l’époque. Il fallait se débrouiller un peut toute seule, trouver les contacts nous-mêmes. Bref, ça n’a pas pu se faire. »
Mes études
Un parcours classique. Ne vous attendez pas à être surpris par le démarrage des études de Marion Vialatte. « Je n’avais pas forcément quelque-chose en tête, j’ai surtout avancé par opportunité, confirme la principale intéressée qui s’est orientée vers des études en Staps après son Bac. Je faisais du sport donc j’ai continué là-dedans, ce n’est pas très original. » La meneuse de jeu accomplit sur son parcours étudiant jusqu’au fameux Capeps, la porte d’entrée vers le métier de professeur d’éducation physique. « J’ai passé l’écrit, mais à l’heure de passer l’oral, je savais que si je réussissais, je devais aller en école sur Paris, c’était obligatoire. Et moi je voulais jouer à Nîmes… »
Il n’y aura donc pas d’oral, et, en 2003, les études sont mises entre parenthèses. « Un peu plus tard, j’ai quand même passé un DU de Français Langue étrangère car j’avais envie de m’aérer un peu le cerveau, précise la Lyonnaise. J’adorais potasser mon handball, mais il me fallait aussi voir autre chose, et puis m’appuyer sur quelque-chose pour envisager ma reconversion. Car si le handball me permettait de bien vivre, je savais que je n’assurais pas du tout mes arrières. Je me disais qu’il me faudrait un vrai métier. Même si, avec le recul, je m’aperçois que le handball était aussi un vrai métier. (sourire) »
L’arrêt de carrière
Un arrêt en deux temps. A l’heure de raccrocher les baskets, Marion Vialatte opère cet arrêt en deux temps. « En 2009, je décide d’arrêter la D1. Pour moi il était temps. Physiquement, je commençais à avoir mal partout, je ne récupérais plus aussi bien qu’avant. J’avais aussi passé un deal avec mon compagnon, et il était temps de rentrer à Lyon. Et puis j’avais 29 ans, pour moi, c’était bien. Quand j’étais jeune, quand je jouais avec des filles de 30 ans, je me disais: « Mais elles n’ont pas de vie ou quoi ? » (rires) Bon, sur ce point, les choses ont un peu évolué, sourit la demi-centre, qui signe toutefois son retour à l’Asul, alors en N1. Je m’étais toujours dit que je le ferais, et là c’était en plus pour les aider à remonter en D2. »
Un projet qui permet à la jeune femme de continuer sa vie de handballeuse, tout en amorçant plus sérieusement sa reconversion. « Dans un premier temps, ce que je voulais, c’est m’éloigner du monde du handball et du monde du sport. J’ai passé un bilan de compétence et on m’a orienté vers le milieu bancaire, en plateforme clientèle. J’ai aimé le côté commercial, la connaissance des produits, mais j’ai eu aussi le manque du milieu sportif », se souvient-elle. Le fusil change alors d’épaule, et la handballeuse met à profits les connexions établies via l’Asul pour entrer en relation avec l’Olympique lyonnais. « J’ai fait un stage de six mois au département événementiel du club. Ça a bien matché, mais je n’ai pas eu de poste tout de suite, car il n’y en avait pas de dispo. Mais on ma rappelé plus tard et c’est là que mon aventure à l’OL a commencé. » Il est alors temps de définitivement raccroché les baskets.
Ma vie actuelle
Passée du département événementiel au poste de chef de projet sponsoring pour le club lyonnais, via Sportfive, la régie commerciale du club, Marion Vialatte s’est fait sa place sans un background autre que celui de sportive de haut-niveau. « Si tu regardes sur le papier, je n’ai pas le CV pour être là où je suis. Mes collègues sont tous passés par des écoles de commerce. Moi j’ai ma petite licence STAPS, sourit-elle. Mais, ma personnalité, mon charisme ont fait que ça s’est bien passé. » Un statut d’ancien sportif qui a deux avantages aux yeux de l’ancienne Toulonnaise. Le premier, c’est celui d’un mental prêt à affronter toutes les difficultés. « Avec le sport, on apprend à réussir, estime-t-elle. Quand on me propose un challenge, je ne sais pas si je vais réussir, mais je sais que je vais tout faire pour trouver les clés pour y arriver. On a ce côté combatif en nous. »
La deuxième volet est celui d’une passerelle forcément utile entre les entreprises et les sportifs. « Les partenaires sont contents de m’avoir en interlocutrice car je suis une ancienne sportive. Je suis à même de leur expliquer les impératifs d’une vie de sportif. Pourquoi ils ne peuvent pas les solliciter un jour de match par exemple, explique-t-elle. Et de l’autre, il y a les joueuses et les joueurs, qui sont là pour jouer au foot, et à qui il faut expliquer pourquoi ils ont des opérations à réaliser auprès des entreprises. Avec moi, ça passe toujours mieux. Je suis un peu des deux côtés. »
Mon conseil
Désormais pleinement épanouie à l’OL dans un rôle qu’elle était loin d’imaginer il y a quelques années, Marion Vialatte est persuadée qu’un passé de sportive ou de sportif de haut niveau est à mettre bien en valeur à l’heure de démarcher les entreprises pour amorcer sa reconversion. « Même si tu n’as pas eu de diplôme, tu ne dois pas te dire que tu n’arriveras à rien, conclut-elle. Ta carrière, ce n’est pas rien, c’est un vrai bagage, une vraie valeur ajoutée. Il faut réussir à garder cette confiance, cette pugnacité que l’on a en nous pour la retranscrire auprès de ton nouvel employeur. Il faut qu’il voit qu’il a en face de lui une personne solide, avec une grosse capacité d’apprentissage et d’adaptation. »
Benoît Conta