Après une carrière longue de vingt années, Mathieu Kreiss a réussi sa reconversion à un poste rare, celui d’entraîneur spécifique des gardiennes de Brest. Un choix qui ne doit rien au hasard.
Ma carrière
De Delaune à… Delaune. Vingt ans de carrière professionnelle, et Mathieu Kreiss aura réussi à boucler la boucle. De ses débuts à Ivry, en 1996, dans la mythique salle Auguste-Delaune, à la fin de sa carrière, en 2016, dans le gymnase… Auguste-Delaune de Gonfreville, le portier aura visité pas mal de coins de France, de Cesson à Dijon, en passant par Metz, Istres ou Massy. « J’ai visité plein de régions, connu plein de clubs avec pas mal d’objectifs différents, reconnaît le Val-de-Marnais. J’ai vraiment apprécié ces vingt années de carrière, que j’ai pu vivre avec assez peu de blessures, entre la deuxième partie de tableau de D1, et la première de D2. » Une carrière riche, marquée par un titre de champion de France avec Ivry en 1997, mais aussi une belle montée dans l’élite sous les couleurs de Dijon, en 2009, avant une fin en pente douce du côté de la Normandie, à Gonfreville, en Nationale 1. « J’ai arrêté à 40 ans, mon fils venait de naître, c’était le bon moment, souffle-t-il. J’étais fatigué, et j’ai basculé assez facilement car j’avais de nombreux projets en cours. »
Mes études
Lorsque Mathieu Kreiss lance sa carrière au plus haut niveau, du côté d’Ivry, le professionnalisme n’est pas encore la norme dans le handball de haut niveau. « Il y a bien sûr eu une petite pression familiale, mais c’était logique de faire des études, estime celui qui sort diplômé de l’ISC, l’Institut Supérieur de Commerce de Paris. Et je ne le regrette pas car, même si ça a peut-être d’abord un peu freiné le démarrage de ma carrière, ça m’a toujours permis d’être serein sur ce que je faisais. J’ai vu de nombreux mecs de ma génération se mettre une énorme pression sur leur après-carrière. Moi j’avais les cartes en main pour faire ce que j’avais envie de faire ou non. »
Ce diplôme en marketing en poche, le gardien de but ne va d’ailleurs pas le ranger au placard, puisque durant cinq années, il va s’occuper de la communication et du marketing de Cesson et de Metz, deux clubs qu’il fréquente au début des années 2000. « C’était une super expérience, car à l’époque, il n’y avait rien. On ne savait pas habiller notre produit, le faire connaître. Il n’y avait pas d’adhésion forte du public ou des sponsors à leur club. Il y avait tellement de choses à faire pour accompagner l’essor du handball », se souvient-il.
Une double casquette qu’il abandonne finalement en arrivant à Istres, en 2006. « Là je suis passé pro à 100% », glisse celui qui profite tout de même de son temps libre pour passer ses diplômes d’entraîneur. « Je fais partie de ces joueurs qui ont besoin d’avoir une « deuxième vie » pour marcher sur leurs deux pieds. Je n’aurais pas pu passer mes journées à juste m’entraîner, puis rentrer chez moi pour jouer à la console ou me reposer », note-t-il.
Ma vocation
Et ses diplômes d’entraîneur, Mathieu Kreiss ne les passe pas par hasard. Il a une idée bien précise derrière sa tête: celle de coacher les gardiens, un poste parfois délaissé par les entraîneurs. « Personnellement, mes premières séances spé, je les ai eu à 21 ans avec Dejan Lukic. C’est très tard, explique-t-il. J’ai eu cette envie de transmettre aux jeunes gardiens, pour qu’ils puissent avoir des repères le plus tôt possible. Quand tu es gardien, te te retrouves souvent à te faire critiquer par un entraîneur qui ne t’a pas donné les clés pour performer. » En parallèle de sa carrière, le portier distille donc ses conseils aux jeunes gardiens de Istres, Dijon ou Massy, mais aussi aux gardiennes d’Issy-Paris ou du Havre, du côté féminin. Alors qu’il prend également en main quelques équipes de jeunes au gré de ses diplômes, il va jusqu’à gérer le Centre d’entraînement de Gonfreville l’Orcher , avant de recevoir une offre en or venue de Brest, l’été dernier, puisqu’il est désormais entraîneur des gardiennes du club, un poste à temps plein au sein du staff technique finistérien.
« C’est une chance exceptionnelle que m’a offert Laurent Bezeau, et aujourd’hui j’entraîne deux des meilleures gardiennes du monde, glisse le technicien, passionné par sa tâche. Dans mon métier, j’essaie d’innover tous les jours, d’inventer des exercices. C’est génial de ne pas avoir à suivre une recette, de la faire nous-mêmes. C’est très épanouissant. » Une tâche dont il profite d’autant plus qu’elle est rare dans l’Hexagone. « De ce que je sais, ils sont 4 en masculin, et je suis seul chez les féminins à avoir ce job à 100%. Il n’y a pas forcément d’intérêt pour ce poste, et certains clubs préfèrent parfois prendre deux étrangers qui font la maille, sans chercher à aller plus loin. » Sous contrat jusqu’en juin 2021, Mathieu Kreiss espère désormais faire durer l’expérience le plus longtemps possible. « Tant qu’on a besoin de moi, je suis très demandeur, conclut-il. Et puis, si ça doit s’arrêter, je pourrais toujours rebasculer sur les jeunes ou même ressortir mon diplôme de marketing… » L’ancien Ivryen a encore quelques cartes en main…
Benoît Conta
3 comments
Michel KREISS
15 juin 2020 at 13 h 06 min
C’est bien Mathieu,
je suis fière toi mon fils. Tu t’es fait toi même avec passion et réalisme… Bravo !
Micha KREISS.
Dagmar Schröder
24 juin 2020 at 22 h 36 min
Cher Mathieu, tu es formidable. Depuis ta naissance je te connaîs. J’ai bien observé, participé, à beaucoup d’ étapes de ta vie. Maintenant, où tu réalise encore un de tes rêves, je ne peux qu’ applaudir d’Allemagne .( d’y jouer, c’etait aussi une fois ton rêve). La curruculum vitae, que je viens de lire, est comme un roman et présente un homme exeptionel et formidable… « Allez -si…- les jeunes!!!!!Fantastique, je suis fière d’avoir eu la Chance de te connaitre. Pour toi et ta famille tous le bonheur du monde. Grand bisous Dagmar Schröder 36037 Fulda Allemagne. +
Dagmar Schröder
24 juin 2020 at 23 h 02 min
Dagmar Schröder 36037 Fulda
Unique, formidable, une réussite comme un » Roman » Il n’ y a qu’applaudire. Quelle grande joie de t’avoir connu et d’ avoir le grand plaisir de connaitre beaucoup d’ étape de ta vie. Merci et félicitation Dagmar Schröder d’ Allemagne