Robin Molinie « 189 000 bouteilles en plastique utilisées par les joueurs pros chaque saison »

26 février 20210

Des bancs de touche remplis de bouteilles vides, ou à moitié pleines, des programmes de match sur les sièges du public, les poubelles du vestiaire remplies de plastique : autant de constats qui ont poussé Robin Molinie, joueur professionnel de Créteil, à s’interroger sur les pratiques de son milieu en matière de développement durable.

« Si tu considères 182 matchs en Lidl Starligue, 189 en Proligue, 29 en Coupe de la Ligue, 2 au Trophée des Champions, ça fait 400 matchs : en comptant 50 bouteilles en plastique par match, on arrive à 20 000 bouteilles en plastique utilisées lors des matchs. Lors des entrainements, en comptant environ 600 joueurs professionnels (Lidl Starligue et Proligue), 45 semaines d’entrainement et 7 séances hebdomadaire en moyenne, 1 bouteille par entrainement par joueur, on arrive à une utilisation de 189 000 bouteilles en plastique par saison. »

Voilà le constat édifiant qu’a fait Robin Molinie sur l’utilisation des bouteilles en plastique par les seuls joueurs professionnels de handball.

Un soir de l’été 2019, alors qu’il venait tout juste de poser ses valiser à Créteil, l’arrière gauche nous a exposé son idée : « vous allez peut-être me prendre pour un fou, mais j’ai pensé qu’on pourrait lancer un projet écoresponsable dans le handball, pour réduire notamment le plastique à usage unique » nous avait-il dit. C’est lors de cette soirée, qu’ont fusé les premières idées de possibles actions à mener : organisation de Run&Clean dans les clubs, un arbre planté pour un but marqué.. etc.

« Je m’en souviens oui ! Ça me trottait dans la tête, et j’avais envie de mener des actions concrètes. Le problème c’est que je ne savais pas par où commencer donc en me rapprochant de vous AJPH, j’ai pensé qu’on pourrait en parler à la LNH » raconte-t-il.

Quelques semaines après avoir travaillé sur une présentation et une proposition de plan d’actions incluant un axe joueurs, un axe clubs et un axe institution, une première réunion est organisée avec la Ligue Nationale de Handball (LNH).

« La Ligue a bien accueilli le projet et s’est montrée intéressée dès le départ. C’est évident que le joueur peut changer des choses dans ses habitudes mais si l’institution fait bouger les choses c’est encore plus efficace » indique Robin. Et c’était bien là l’idée de départ : un projet 360 degrés avec un rôle pour chacun des acteurs de l’écosystème du handball professionnel :

Les joueurs : avec un rôle de modèle et « d’éducateur » vis-à-vis dans fans, du public, des jeunes générations, en mettant avant des pratiques et gestes du quotidien que ce soit hors ou dans le milieu du handball

Les clubs : pour initier des actions à grande portée, créer un cadre, pouvoir se rapprocher de partenaires intéressés par ces actions RSE.

L’institution : montrer l’exemple sur ses évènements, initier le mouvement parmi les clubs, mener des actions sur des journées de championnat.

 « On a pas mal échangé avec la LNH, il a fallu trouver un nom, faire un logo. Ils ont mis en place beaucoup de choses notamment sur le Final 4 de Coupe de la Ligue qui devait avoir lieu au Mans en Mars 2020 : ça avait été pensé comme une organisation éco-responsable. On avait trouvé des joueurs référents dans les 4 équipes du tournoi. Ça devait être le point de départ de ce mouvement. Mais en raison du Covid-19, le Final 4 a été annulé et ça a repoussé l’échéance. On était un peu déçu » admet le joueur.

Cependant à défaut d’avoir pu s’officialiser en mars 2020, le programme « Zone Verte » était né.

« Finalement ça nous a laissé le temps de mieux le travailler. Et puis quelques mois plus tard lors de l’Assemblée Générale de la LNH, les clubs de Lidl Starligue et Proligue ont été invités à signer la charte Zone Verte » se souvient Robin, présent à l’Assemblée Générale en représentation de l’AJPH.

Les clubs signataires de cette charte (ndlr.: 23 à ce jour) se sont engagés à minima à mettre en place des actions avant l’échéance du mois de juin 2022 notamment en matière de :

– Déplacements (sportifs, spectateurs, organisation) ;

– Suppression des supports imprimés à usage individuel ;

– Suppression des contenants plastiques à usage unique ;

– Actions événementielles de promotion de l’éco responsabilité.

« En parallèle, il nous semblait important d’identifier dans chaque équipe un joueur ambassadeur Zone verte, pour relayer nos actions, en parler à leurs coéquipiers etc. L’idée c’est que dans chaque club, chacun puisse mettre en place et être moteur pour faire bouger les choses dans son club, sa ville, sa région. C’est eux qui seront là pour pousser leurs coéquipiers. On compte sur eux pour être aussi être force de propositions. » ajoute Robin.

Une fois les réseaux d’ambassadeurs joueurs mis en place par division, les premiers échanges ont pu commencer le tout coordonné par l’AJPH  : « je tiens à remercier les joueurs qui se sont portés volontaires, on a eu pleins de retours positifs de leur part » indique l’investigateur du projet.  « On collabore désormais avec la LNH et les clubs sur l’organisation des premiers matchs sans bouteilles en plastique ».

Passé la prise de conscience, place en effet à la mise en pratique. « Je compte sur l’effet de groupe » espère Robin. « À notre niveau on peut repenser notre façon de se déplacer, surtout quand on est plusieurs à habiter à côté. On peut trier ses déchets, réfléchir à sa consommation de viande, essayer de la réduire. On peut utiliser une gourde et arrêter de prendre des bouteilles en plastique. On ne veut pas être extrémistes, parce qu’on sait qu’on ne sera jamais parfait du fait de notre profession, de nos déplacements. Mais le but c’est de faire de petits gestes, chacun à notre niveau, sans donner de leçons. Et d’ailleurs on ne demande à personne d’être parfait sur tous les points. Moi par exemple, je ne suis pas toujours exemplaire mais j’essaie de mettre en place des petits gestes dans mon quotidien. On peut toujours faire mieux, mais commencer c’est déjà un premier pas. Et si tout le monde fait un petit geste, alors là on arrivera à changer les choses  ». 

Ce qu’on peut espérer dans quelques années ?

« Il y a déjà des clubs qui font bouger les choses, mais on a encore pas mal de boulot. J’aimerais bien que dans quelques années il n’y ait plus du tout de plastique à usage unique ni à la buvette, ni sur les bancs de touche, ni en tribune, et que ça nous paraisse à tous normal » conclut Robin.

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