Si certains joueurs avouent facilement avoir tourné en rond pendant le confinement, d’autres au contraire, ont su mettre à profit ces longues semaines sans handball. C’est le cas de Rock Feliho, capitaine du HBC Nantes, qui, à 38 ans a décidé de reprendre ses études.
Quand il débarque à 11 ans au club de Chalon-sur-Saône pour s’essayer au handball, Rock Feliho ne s’imaginait pas que 27 ans plus tard, et 4 titres de meilleur défenseur en poche, il serait un des dignes représentants encore en activité de la génération 82.
En 2000, après un cursus sport études à Dijon, c’est au centre de formation de Sélestat puis en tant que joueur professionnel que Rock fera ses premières gammes en D1. Après un passage par Villefranche sur Saône en 2004 puis en Allemagne pendant 4 ans, Rock pose finalement ses valises à Nantes en 2010 où il évolue encore actuellement.
Cependant, malgré une carrière sportive bien remplie, le nantais n’a jamais perdu de vue l’importance de se former. « Je savais que le handball allait être éphémère. Et puis je viens d’une famille où les études ont toujours été importantes. D’ailleurs mes frères et sœurs en sont de bons exemples : avocat, analyste financier, responsable marketing, ça met un peu de pression (rires) » admet le capitaine du HBC Nantes.
« A l’époque, j’ai obtenu mon Bac ES quand j’étais en sport études à Dijon avec des horaires aménagés. Puis j’ai fait un DUT Techniques de Commercialisation, à l’IUT de Colmar, quand j’ai commencé à jouer à Sélestat. J’ai bénéficié d’un aménagement : je l’ai fait en 3 ans au lieu de 2 ». Un aménagement nécessaire pour le défenseur, qui lui a permis d’allier études et sport de haut niveau. « J’ai entamé une licence Economie et Gestion à Lyon, quand j’étais à Villefranche, mais sans aménagements et ça a été trop compliqué et je n’ai pas fini l’année », se souvient Rock. Mais j’ai ensuite rebondi sur une licence professionnelle Management des Organisations Sportives, toujours à Lyon. Là j’ai pu bénéficier d’aménagements pour me permettre de suivre les cours, tout en jouant à Villefranche ». En 2006, afin de vivre pleinement son expérience Outre-Rhin, il décide de mettre entre parenthèse ses études. « Avec le niveau du championnat allemand, l’intensité des rencontres, puis la nouveauté (nouvelle langue, nouveau pays), je ne pouvais pas gérer en plus une formation. Et puis je me disais qu’avec une licence en poche, je n’étais déjà pas trop mal » ajoute le nantais.
En parallèle de sa carrière de joueur, le joueur du « H » prend plaisir à participer à des projets et des expériences associatives. « Cela permet de garder les deux pieds ancrés dans la réalité et de développer des compétences, du réseau. C’est important. Et puis les années avancent… même si je continue d’être performant je suis bien conscient qu’un jour je devrais passer à autre chose » avoue Rock.
S’il n’a jamais vraiment mis de côté sa reconversion, le défenseur nantais a eu un déclic lors du confinement. « Je me suis dit que je ne pouvais pas sortir du confinement comme j’y étais entré. J’en ai donc profité pour travailler un petit peu et préparer plus concrètement mon après carrière. Ça a été le moment idéal pour réfléchir à ma reprise d’études. » Une reprise d’étude favorisée également par des exemples autour de lui. « À Nantes, des joueurs comme Olivier Nyokas ou Valero Rivera étaient aussi en train de suivre des formations, donc ça a créé une petite émulation », ajoute-t-il.
« J’ai recherché ce qui pouvait être le plus adapté à ce que je voulais faire, une formation qui pouvait s’adapter à mon rythme. Je me suis rapproché de l’AJPH (Association des Joueurs Professionnels de Handball) qui m’a d’abord proposé de faire un bilan professionnel avec Swiss Life. Je me suis entretenu plusieurs fois par téléphone avec une personne des Ressources Humaines de l’entreprise. Elle m’a d’abord fait passer des tests puis nous avons beaucoup discuté. J’étais un peu sceptique au départ, mais ça a été vraiment utile : ça m’a conforté sur des compétences que j’avais déjà et ça m’a aidé dans mes choix. Je le recommande vraiment et puis ça fait partie des outils qu’on a gratuitement à notre disposition en tant que joueurs pour nous aiguiller un peu. Il ne faut pas hésiter à s’en servir ».
Après plusieurs recherches, le joueur nantais s’intéresse à l’emlyon business school : « l’AJPH m’avait déjà parlé des formations proposées par cette école, et je connaissais un joueur professionnel de basket qui avait suivi la formation PGM (Programme Général de Management) Online. Ça semblait correspondre à ce que je voulais faire. Ce qui m’a plu tout de suite, c’est le côté 100% en ligne ». Après plusieurs échanges avec Mickaël Romezy, directeur des Sports au sein de l’emlyon business school, Rock passe les tests d’entrée avec succès. « Tout était bien organisé, avec des mises en situations, des exercices etc… Je pense que c’est surtout un moyen pour l’école de mieux nous connaître et de tester nos connaissances, car il y a pleins de profils différents : des gens qui sont en reprise d’études ou en reconversion, des personnes qui travaillent dans différents secteurs, des étudiants, des étrangers ».
300h de formation, 30h de projets tutorés, un diplôme de niveau Bac+5 à la sortie, le tout 100% en distanciel : voici la nouvelle aventure dans laquelle Rock Feliho s’est engagé, soutenu par son club du HBC Nantes ainsi que par Abalone, une entreprise partenaire du club qu’il avait préalablement démarché. « Cette formation va m’apporter des compétences que je n’avais pas. Comme j’ai arrêté les cours il y a quelques années maintenant, je voulais me remettre à niveau, valider certaines compétences que j’avais acquises pendant ma carrière et en acquérir de nouvelles. Ce qui m’a plu aussi, c’est que ce n’est pas une formation spécialisée « sport » : cela va me permettre d’avoir un champ de compétences plus large ».
C’est au lendemain de la rencontre de Ligue des Champions Nantes-Veszprém, que le capitaine nantais a fait officiellement sa rentrée des classes. « Ce moment, on l’avait préparé en amont : nous avions eu des sessions pour nous familiariser avec tout l’environnement, les supports, les outils. Il y a une plateforme où tous les cours sont en ligne. D’ailleurs, à l’école, ils sont très à l’écoute : dès qu’il y a des questions, il y a toujours quelqu’un pour nous apporter une réponse très rapidement pour éviter que certains puissent se retrouver en difficulté. Ils ont une approche bienveillante. » Des propos confirmés par Mickaël directeur Sport Makers au sein de l’emlyon business school. « L’ambition de l’emlyon business school est de donner les outils nécessaires aux sportifs de haut niveau pour exprimer leur plein potentiel, au service des entreprises ».
Si tout est mis en place pour faciliter l’enseignement à distance, cela requiert cependant une excellente organisation de la part des étudiants. Comme le précise le numéro 13 du « H » : « Nous avons différents certificats à passer mais cela, à notre rythme. Nous avons un rétroplanning que l’on ajuste selon nos disponibilités et nos capacités. Le premier certificat par exemple, concerne « la transformation digitale » : nous avons des travaux de groupe, des devoirs à rendre… c’est à nous de bien nous organiser ». C’est d’ailleurs un des conseils que le capitaine nantais souhaite faire passer aux joueuses et joueurs professionnels. « C’est vrai que ce n’est pas toujours simple, mais avec une bonne organisation, de bons outils et de bons contacts, on y arrive ! Moi par exemple, avant les matchs je m’interdis de regarder les cours. Par contre, je profite des temps de voyage ou des plages horaires que j’ai préalablement identifiées pour étudier. Il y a vraiment pleins d’outils à notre disposition, donc si on est motivé on n’a pas de raisons de ne pas y arriver ! »
Un mois après le début des cours, celui qui a l’habitude de mener ses hommes au sein du vestiaire du club aux trois hermines a tout de suite trouvé sa place : « dans mon groupe on a des profils très différents et on se complète bien. Pourtant, lors du premier travail de groupe, on a eu quelques petits dysfonctionnements. Et, inconsciemment, j’ai remis un peu d’ordre et de la communication dans notre équipe pour que l’on arrive à fonctionner ensemble. Comme j’aurais pu le faire dans mon équipe, même si, avec les gars, je l’aurais fait avec un peu moins de tact (rires) ». Un exemple concret qui démontre que les compétences acquises par les sportifs sont amplement transposables dans le monde de l’entreprise et qui laisse présager un bel avenir professionnel pour le capitaine nantais.
L’AJPH et plus largement la cellule FIR (Formation Insertion Reconversion) issue du partenariat AJPH-FFHB, est fière de compter l’emlyon business school dans les rangs de ses écoles partenaires, pour offrir aux athlètes des outils adaptés. Un objectif partagé par l’emlyon business school : « S’engager auprès des différentes structures sportives nous permet de garantir une meilleure employabilité et insertion professionnelle des sportifs en après-carrière. Dans une politique d’ouverture sociale et de diversité, nous souhaitons soutenir le sport français et ses ambassadeurs par la création de programmes de formation diplômants, du post bac à la reconversion, permettant aux sportives et sportifs de s’engager dans une filière sport de haut niveau, tout en préparant de manière optimale leur deuxième vie. »
Anne-Laure Michel
Crédit photo : @HBCNantes.
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